BOUE.SOL

En 3 points forts

DES ORNEMENTS À MAIN LEVÉE

Je suis fascinée par l’art ornemental à travers le monde. De tout temps il a existé, avec la vocation de sublimer les lieux ainsi que les objets, afin de les élever à une dimension supérieure à celle de la pure fonction utilitaire. Qu’il s’agisse des arabesques islamiques, des motifs floraux de l’Art nouveau, des frises antiques ou encore des dentelles de pierre gothiques, les ornements donnent une identité visuelle forte en intégrant des formes inspirées de la nature et du monde spirituel.

Bien que parfois considéré comme secondaire, l’ornement joue un rôle essentiel dans la culture visuelle humaine : il est langage, rythme, répétition, symbole, et surtout, une source intarissable d’inspiration.

A mes yeux, la répétition de motifs précis et complexes créent des structures harmoniques qui me font penser à des rythmes musicaux. On croirait presque “voir” de la musique, comme si des mélodies s’incarnaient.

Et tout comme la musique peut avoir la vertue de nous apaiser, ces formes d’ondes visuelles que sont les ornements peuvent aussi avoir un impact positif sur notre psyché.

Les rosaces dans les cathédrales en sont un magnifique exemple. Autrefois appelées ''couronnes de lumière'', intermédiaires entre le soleil et celui qui contemple sa lumière, elles représentent de véritables médiatrices entre l'homme et le divin. Elles peuvent faire allusion à la rose, symbole de pureté et d'amour, mais aussi à la roue, symbole solaire, rayonnant et cyclique, mais également au cercle, symbole d'unité et d'harmonie.

Pour toutes ces magnifiques raisons, j’orne chacune de mes pièces à main levée, ayant à coeur qu’elle soient toutes UNIQUES, comme vous.

Pour les réaliser, j’utilise souvent la technique de la gravure avec une simple pointe métallique.

DES MATIÈRES RÉCOLTÉES POUR LES ÉMAUX

“Matières de recontre”. C’est ainsi que l’on appelle les matières que le potier récolte autour de lui pour réaliser des objets.

Si toutefois cela était courant auparavant, c’est beaucoup plus rare aujourd’hui.

L’industrie céramique s’est fortement développée ces dernières années et a apporté avec elle toute une miriade de produits prêts à l’emploi rendant tout type de création possible. Les potiers ont pour ainsi dire presque tout à disposition, et ils n’ont qu’à acheter telle ou telle argile, telle ou telle matière pour réaliser tel émail, et ainsi réaliser telle type de production. C’est fantastique pour assouvir nos élans créatifs, mais cela peut-être un désastre du point de vue sanitaire et écologique… (éléments toxiques, et provenance toujours plus lointaine).

Car avant cet essor, il fallait récolter. Faire avec ce que l’on avait autour de soi, “simplement”. Cela créait alors des productions uniques ; des pièces aux couleurs de la géologie locale. Plus sobres, plus vraies.

C’est dans cette tradition que j’ai choisi de m’inscrire en partie, tout en conservant un pied dans le “monde moderne” pour plusieurs raisons que vous comprendrez au fil de la lecture.

Concernant mon émail (partie vitrifiée de la pièce), voici ce qu’il en est :

  • 66% des matières utilisées sont des matières récoltées dans ma région.

    Il est en partie constitué de roches volcaniques, de roche granitique, de cendres végétales et d’argile d’Auvergne.

    Il y a dans ces matières, tous les éléments nécéssaires à la fabricaiton d’un émail : Des éléments basiques, de la silice ainsi que de l’alumine !

    (J’avais initialement commencé avec 100% de matières récoltées mais j’ai décidé de réduire ce pourcentage pour agrandir la palette d’émaux proposées. En effet, au bout de 5 années d’activité, je me suis tout de même sentie limitée en terme de couleurs.)

  • Les 33% restant sont des matières achetées auprès de l’industrie céramique qui ne présentent aucune toxicité et qui me permettent désormais d’apporter, utilisées en symbiose avec mes matières récoltées, plus de nuances à ma production. Il s’agit de feldspath, de ballclay, de dolomie, de népheline syénite, de talc, de kaolin, de silice et de rutile !

Je ne peux cependant pas me priver de la magie de pouvoir fabriquer un émail dans une région que l’on ne pourra pas fariquer deux régions plus loin en raison du changement de géologie ! L’idée que ce que l’on peut créer à un endroit ne pourra pas se créer dans tel autre me plaît trop pour être abandonnée. Cela ancre et lie une création à sa terre d’origine. C’est la force et la richesse de la culture locale.

Récolter une matière non loin de chez soi pour réaliser un objet procure beaucoup de joie et d’émerveillement. Le ressenti lors du processus de fabrication ainsi qu’à l’issu du défournement restera toujours bien plus intense lorsque l’on connait les matières que l’on a utilisé.

À l’image du funambule, je cherche mon équilibre.

Vous l’aurez compris, ces choix concernent donc les émaux et non l’argile.

Je ne récolte pas encore mon argile pour façonner le corps de mes pièces. Mais peut-être que cela ne saurait tarder.

Quoi qu’il en soit, cette alchimie n’est-elle pas fascinante ?

UNE TERRE LAISSÉE BRUTE

La terre est d’une beauté pure et simple qu’il est attristant de camoufler.

La terre à nue est entière et ne cache rien. Elle offre une palette de couleurs chaudes allant du blanc immaculé, en passant par le greige, le sable couleur peau dorée, ainsi que le roux ♥.

Par amour pour cet arc-en-ciel terrestre, je choisirai toujours de la laisser apparaître pour que vous puissiez la rencontrer, du bout des doigts.

Les argiles que j’utilise sont des argiles françaises.